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Edito : Mémoires blessées…

À l’occasion de la « Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de son abolition »,  un colloque sur le thème : « Mémoires blessées, promesses inachevées », s’organise dans la capitale de la RDC autour de cette thématique historique aux allures de conséquences et bien d’entraves subies par les noirs et revendiqués à corps et à cris aujourd’hui. Ce colloque nous ramène à quelques douloureuses réalités, que l’Afrique ne devrait pas perdre de vue, si elle veut penser son avenir en toute lucidité, avec quelques chances de sortir de la résignation et des frustrations perpétuelles.

La France a instauré cette journée, depuis 2006, pour initier une réflexion civique sur le respect de la dignité humaine et la notion de crime contre l’humanité. Mais, elle retient cette date pour que ce pan douloureux de son histoire trouve une définition juste, et la reconnaissance qu’elle implique. L’Afrique est concernée par l’esclavage à une dimension autrement plus large, et les peuples africains sont dans l’impossibilité de dire ce que leurs leaders font des leçons de cette même histoire. Combien d’élèves africains savent comprendre l’enchevêtrement, la continuité qu’il y a entre esclavage et colonisation ?

La colonisation n’est que le service après-vente de la traite négrière. À la Conférence de Berlin, l’Europe s’est réparti, en 1884-1885, ce qui restait de ce continent, déjà vidé de son sang et de ses forces vives. Durant la colonisation, les différents pouvoirs ont eu recours aux mêmes pratiques que celles auxquelles étaient soumis les Noirs déportés outre-Atlantique. Dans la quasi-totalité des colonies d’Afrique, les hommes étaient astreints à ce que le colon, sans complexe, appelait les travaux forcés. Lorsque vous faites travailler les gens à la construction de chemins de fer, de wharfs et autres infrastructures visant à faire prospérer l’entreprise colonial, et que vous ne les payez pas, qu’est-ce donc, sinon de l’esclavage ?

L’abolition dont on parle, en France, résulte de la révolte des esclaves, qui a abouti à la naissance de la première république noire de l’Histoire : Haïti. Un dangereux précédent. Qui devait échouer à tout prix. Et il a échoué ! Regardez donc l’actualité dramatique de ce pays ! Il aurait dû être un modèle pour les peuples africains, qui ont accédé à l’indépendance un siècle et demi plus tard. Mais, 220 ans après, les Haïtiens n’ont pas fini de payer pour ce péché originel. Elle n’est pas immense. Elle est colossale ! C’est un fait. Mais, comment taire tous les pièges tendus à cette jeune république, les fardeaux dont elle a été lestée… Il fallait s’assurer que, jamais, elle ne puisse s’en sortir.

Voilà qui nous ramène à l’Afrique. Oublions le propos de tout pouvoir colonial, qui consiste à tenter de persuader les peuples colonisés du bonheur d’avoir été domptés. Mais, l’esclavage, comme la colonisation, génèrent l’humiliation. Et l’humiliation,  a des conséquences, des effets à long terme. Et c’est ainsi que résonne dans les têtes cette interrogation puissante, du penseur anticolonial Paul Ricœur, prisonnier durant la guerre, qui se demandait, dès 1947 : « Et si moi, j’étais le nazi d’un autre ? » « La condition coloniale à laquelle nous soumettons les peuples de nos colonies n’est-elle pas la même chose que ce qu’a voulu faire le nazisme chez nous ? », se demandait-il.

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